Le résultat des régionales (et des départementales) vient de tomber, et les journalistes redoublent d’imagination pour expliquer ce qui s’est passé.
Je vais y ajouter mon interprétation.
Tout a commencé en 2017
C’était le 14 mars 2017 ; après une primaire qui a laissé d’incontestables cicatrices, François Fillon, candidat à la présidence de la République, a été mis en examen.
Il avait eu le tort de dire que seule sa mise en examen pourrait le convaincre de se retirer … Il a fallu 3 jours à la justice (dont un samedi et un dimanche) pour passer à l’acte … Personne n’a été dupe de la manipulation.
Il est a noter que plus de 4 ans après cette mise en examen, les français ne savent toujours pas si cette action était justifiée ou non … Il n’y a toujours aucun jugement dans l’affaire Fillon !
Mais par contre, le peuple de droite s’en souvient encore … et voue aux politiques qui ont joué ce jeu tordu, une défiance (pour ne pas dire une haine) qui n’est pas prête de s’éteindre.
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Macron : le coucou de la République
Suite à cet événement, Emmanuel Macron a été élu Président de la République.
Avec habileté, il a fait siennes beaucoup d’idées de la droite, de sorte que la droite ne pouvait plus les utiliser comme différenciatrices ;
Une partie du peuple de droite s’est donc rapproché de LREM ; mais comme le président a également fait une OPA sur certaines idées de gauche, les transfuges ne se sont pas vraiment reconnus dans Emmanuel Macron.
Une autre partie de la droite s’est également intéressée aux idées du RN ; mais le passé outrancier de ce parti, et les déclarations excessives de Marine le Pen, ont limité considérablement cette transhumance.
Le reste de la droite est alors passé dans l’opposition silencieuse, à cause de son profond désaccord avec la politique menée par le Président, et en souffrant de ne voir personne à droite reprendre le parti en main.
Il est à noter que cette dernière frange du peuple de droite a disparu des radars médiatiques : pas de leader charismatique, présence dans les sondages floue, message médiatique annonçant la quasi-disparition des LR.
En résumé, le peuple de droite s’est fractionné en trois parties :
- ceux qui ont rejoint LREM sans pour autant approuver sa politique sociétale,
- ceux qui ont rejoint le RN, sans adhérer à ses outrances
- le reste du peuple de droite qui est entré en résistance silencieuse.
Je pense qu’un phénomène identique a frappé le parti socialiste orphelin de Hollande tout comme le LR était orphelin de Fillon.
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Le mirage des sondages
Du coup, à l’approche des dernières échéances électorales, les sondeurs ont pu enregistrer beaucoup de réponses d’humeur :
- certains électeurs de droite, et même de gauche, déclarant par bravade qu’ils allaient voter pour le RN,
- d’autre affirmant se rallier aux idées de La France Insoumise …
Sauf qu’au moment de glisser un bulletin dans l’enveloppe, ces déçus du Macronisme ne sont pas passés à l’acte et ont préféré, soit voter autre chose, soit ne pas se rendre aux urnes.
Et c’est ce qui s’est passé en juin 2021 pour les élections régionales et départementales :
- le taux de participation total a été inférieur à 30%,
- les sondages ont prévu un raz de marée RN, et un bon score LFI, mais ces partis ont fait chacun 10 points de moins que la prévision,
- LREM a pris une gifle mémorable avec 10% des voix … ce qui pour le parti de la majorité est quand même un peu court.
- Par contre les partis dits « moribonds » (LR et PS) sont ressortis du néant pour devenir majoritaires.
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Qu’ont voulu dire les électeurs ?
Faible participation : En faisant d’une élection locale un test national, de très nombreux électeurs ont voulu dire qu’aucune offre politique ne les attirait,
Erreurs des sondages : les électeurs orphelins du PS et des LR ont déclaré des intentions de vote trahissant une colère sourde, mais n’ont pas voté comme ils l’ont annoncé,
Score piteux de RN et LFI : même explication que pour l’erreur dans les sondages : les votes extrêmes traduisaient une colère qui s’est calmée au moment de mettre le bulletin dans l’enveloppe,
Bérézina de LREM : Constant que ce parti n’existe pas en lui-même ; il n’est porteur d’aucune idée ; il n’a d’autre fonction que d’approuver les idées du Président.
Je pense donc que les commentateurs qui ont dit que la politique n’intéressait plus les électeurs, sont dans l’erreur.
Par contre, alors que le PS et les LR étaient censés avoir disparu, les électeurs ont soudain pris conscience qu’il était encore possible de voter pour eux … Et c’est là que le raz de marée a eu lieu.
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Ce que l’on retiendra de ces élections !
Pas que LFI et le RN ont subit un échec … Ça, tout le monde (ou presque) s’en fiche.
L’important est que les deux partis PS et LR (plus exactement la droite) sont ressortis de leur cendres … et que LREM s’est révélé être un parti-postiche, sans idée et sans leader, donc sans électeur.