Vous en avez entendu parler mais vous ne savez pas ce qu’ils représentent :
De la gauche à l’extrême droite, ils sont au nombre de sept, et accueillent en leur sein les eurodéputés élus.
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Le Parti populaire européen (PPE) : 176 sièges sortants
Le groupe du PPE est le plus important au Parlement européen depuis 1999. Il regroupe les principaux partis de droite et centre-droit, conservateurs ou démocrates-chrétiens européens. En France, c’est LR qui y siège, mais de manière marginale : ils ont peu de sièges et sont souvent mis en porte-à-faux avec le vote majoritaire du groupe.
Ce sont surtout les Allemands de la CDU-CSU qui y font la loi : ils sont quasiment toujours les plus représentés dans le groupe. D’ailleurs, son président depuis dix ans, Manfred Weber, est Allemand. Puisque le PPE est le premier groupe au Parlement, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Layen, en est issue (elle est de la CDU allemande).
Historiquement, le PPE « gouverne » avec le groupe S & D (Socialistes et démocrates), la plupart des chefs de gouvernement européens étant issus de ces deux grands partis. C’est un peu moins vrai ces dernières années. En 2019, pour la première fois, l’addition du PPE et de S & D n’avait plus la majorité au Parlement, Et puis surtout, une partie du groupe conteste l’alliance avec la gauche et souhaiterait regarder un peu plus sur sa droite.
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Socialistes et démocrates (S & D) : 143 sièges sortants
Ici, on retrouve tous les partis socialistes, sociaux-démocrates ou travaillistes. On y compte les PS français, espagnol, belge, portugais, les démocrates italiens, les sociaux-démocrates suédois, allemands… Ces dernières années, profitant de la déconfiture des partis français ou allemands, ce sont plutôt les Espagnols qui font la loi. Pedro Sanchez, le Premier ministre espagnol, est en effet l’un des désormais très rares chefs de gouvernement européens issus de ce groupe.
Le groupe S&D caresse l’espoir, assez lointain, de redevenir premier au Parlement, mais le défi paraît difficile. Comme à droite, les élus français y font office de frondeurs, mal à l’aise avec certains compromis passés avec la droite et les libéraux. Sauf si le PPE décide de regarder sur sa droite, S&D sera sans aucun doute indispensable, après le 9 juin, pour former une « majorité » (même si les termes de majorité et d’opposition au Parlement européen sont galvaudés). Mais il faudra probablement des alliances avec les libéraux et les verts.
Renew Europe (RE) : 101 sièges sortants
C’est le groupe libéral, centriste, où siègent pour la France les macronistes et le MoDem. En 2019, il a connu un boom, lié à l’arrivée aussi massive qu’inédite d’élues et élus français : pour la première fois, il a dépassé les 100 sièges. C’est d’ailleurs l’un des groupes où les Français, les plus nombreux avec les Néerlandais, mènent la danse. Stéphane Séjourné, l’actuel ministre des Affaires étrangères, a présidé ce groupe jusqu’en janvier avant que Valérie Hayer ne lui succède. Ce n’est pas rien : président de groupe est un poste tout à fait stratégique au Parlement européen.
Les prévisions annoncent une chute cette fois-ci. D’autant plus que les libéraux néerlandais, une des principales forces du groupe donc, sont sur la sellette après la formation d’un gouvernement avec l’extrême droite il y a quelques semaines.
Passé dimanche, RE devrait rester un rouage indispensable dans les alliances. Un des enjeux sera aussi de savoir si les trois groupes de gauche et RE gardent une majorité théorique, afin de bloquer le rapprochement de la droite avec l’extrême droite.
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Les Verts/Alliance libre européenne : 72 sièges sortants
Sans surprise, on retrouve ici bien sûr les partis écologistes européens, mais aussi quelques partis régionalistes, autonomistes, comme les républicains catalans ou les Russes de Lettonie. On retrouve aussi certains élus du parti européen Volt et du Parti pirate. Côté tricolore, cela concerne EELV, mais aussi des représentants bretons et corses, élus sur la liste EELV en 2019. Si les Français sont nombreux depuis cette date, ce sont là encore les Allemands qui mènent avec 21 sièges.
Après la poussée de 2019, on s’attend à un net recul cette année. Mais le groupe écologiste devrait garder une influence importante, surtout si l’alliance PPE + S&D + Renew n’a plus la majorité. Les deux coprésidents sortants sont particulièrement charismatiques : le Belge Philippe Lamberts, qui ne se représente pas, et l’Allemande Terry Reintke, tête de liste européenne des Verts pour cette élection.
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Conservateurs et réformistes européens (CRE) : 66 sièges sortants
C’est le premier des deux groupes d’extrême droite du Parlement européen. On y retrouve les élus de Fratelli d’Italia, le parti de Giorgia Meloni, la cheffe du gouvernement italien ; Mais aussi ceux du PiS polonais, de Vox en Espagne, des Démocrates suédois, l’extrême droite locale… Même s’il y a des partis tout à fait ultra, le groupe CRE est vu comme « plus fréquentable » que le groupe ID, l’autre groupe d’extrême droite. Car il comporte des partis qui ont gouverné leur pays : Meloni en Italie actuellement, mais aussi le PiS polonais jusqu’à l’an dernier.
A part cela, ce qui le différencie surtout du groupe ID, c’est le rapport à la Russie : dans le CRE, la ligne est plutôt pro-occidentale, anti-Poutine. Surtout car on y trouve les extrêmes droite d’Europe de l’Est.
Une drague mutuelle a lieu entre le CRE et le PPE, Ursula von der Leyen n’ayant pas fermé la porte à une alliance. Le groupe devrait considérablement se renforcer cette année : grâce à Meloni, grâce au PiS qui, s’il a perdu le pouvoir, reste fort en Pologne, et grâce à la possible arrivée des élus de Reconquête, le parti d’Éric Zemmour. Le parti du Hongrois Viktor Orban, exclu du PPE, pourrait aussi rejoindre le CRE.
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Identité et démocratie (ID) : 49 sièges sortants
L’autre groupe d’extrême droite, ID, regroupe donc plutôt les extrêmes droite d’Europe de l’Ouest. Si non pro-Poutine, en tout cas bienveillants avec la Russie. On y retrouve le RN français, mais aussi la Ligue de Matteo Salvini en Italie, le parti de Geert Wilders aux Pays-Bas, le FPO autrichien… Avec la chute de la Ligue italienne attendue ce 9 juin, la présidence du groupe dans la prochaine législature pourrait bien atterrir entre les mains du RN. Le groupe avait plus de 70 sièges à l’origine. Mais les départs du RN vers le parti d’Éric Zemmour en France, la redistribution des cartes en Italie ou l’exclusion récente de l’Alternative pour l’Allemagne (AfD) lui ont fait perdre de nombreux sièges.
A tel point que Marine Le Pen pousse depuis peu pour une fusion des deux groupes d’extrême droite : l’entité pourrait alors devenir la deuxième force du Parlement. C’est très peu probable, car la division prorusse/anti-russe est existentielle pour les partis d’Europe de l’Est. Et parce que les partis de ID sont vus comme infréquentables. Si le nom de Le Pen ne fait plus peur comme avant en France, il reste difficile à porter au niveau européen pour ses alliés. La dédiabolisation a ses limites, notamment pour Giorgia Meloni.
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Gauche unitaire européenne (GUE) : 37 sièges sortants
Ce sont les partis de gauche radicale, voire d’extrême gauche, qui siègent ici. Les Espagnols de Podemos et Sumar, les Grecs de Syriza, Die Linke en Allemagne… On trouve aussi quelques partis séparatistes, comme le Sinn fein républicain irlandais ; ou Bildu, les nationalistes basques de gauche. La France insoumise et jadis le Parti communiste y siègent pour la France. La France et l’Allemagne tiennent le haut du pavé dans ce groupe, c’est d’ailleurs Manon Aubry qui copréside avec un Allemand.
GUE est moins au centre du jeu que les libéraux ou les verts, au titre des groupes d’appoint. Mais sur certains sujets, il est assez régulier que leurs voix s’additionnent avec les autres groupes de gauche, voire les libéraux, pour contrecarrer des majorités de droite avec l’extrême droite. A l’issue du 9 juin, une relative stabilité est attendue.
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Les non-inscrits : 61 sièges sortants
Ils sont extrêmement nombreux, surtout du fait des exclusions du Fidesz hongrois de Viktor Orban du PPE (12 élus) et de l’AfD du groupe ID (une dizaine d’élus). On trouve aussi le Mouvement 5 étoiles italien, divisé entre 8 élus non-inscrits et 4 chez les verts, et plusieurs élus qui ont quitté le RN, comme Gilbert Collard. Comme à chaque élection européenne, de nouveaux partis encore non affiliés vont provisoirement se retrouver chez les non-inscrits.
Reste à savoir si le Fidesz va rejoindre le CRE et si l’AfD va réussir à créer un… troisième groupe d’extrême droite. Les conditions sont drastiques : il faut au moins 25 élus et élues venant d’au moins un quart des pays membres. Et ces élus doivent être cohérents politiquement, vous ne pouvez pas créer un groupe avec des élus d’horizon divers juste pour profiter des avantages d’un groupe.